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Auteur/autrice : Joel

  • Vibe coding pour développeurs, RPA pour financiers : même révolution?

    Vibe coding pour développeurs, RPA pour financiers : même révolution?

    Nous avons déjà eu l’occasion de discuter du vibe coding, cette technique de programmation qui permet de générer du code en expliquant simplement son problème à l’intelligence artificielle. Une transition parallèle et tout aussi intéressante a lieu dans les départements administratifs et financiers : l’automatisation par robots logiciels.

    En quoi cela consiste ? Tout comme le vibe coding transforme la façon dont nous créons du code, la RPA (Robotic Process Automation) révolutionne la manière dont les entreprises gèrent leurs processus back-office. Le principe est identique : au lieu de programmer chaque étape manuellement, l’entreprise décrit simplement ses besoins opérationnels à des robots logiciels, et ces derniers automatisent instantanément les processus correspondants.

    Curieux d’en savoir plus sur cette transformation, ses avantages et ses limites, je me suis intéressé à cette technologie qui semble déjà séduire le monde des entreprises.


    Origine du concept

    Le terme Robotic Process Automation (RPA) a émergé au début des années 2000, notamment avec Blue Prism et UiPath, mais a connu une accélération fulgurante depuis 2020. Cette technologie permet aux « robots logiciels » d’imiter les interactions humaines avec les systèmes numériques pour exécuter des processus métier de manière automatisée.

    L’adoption de la RPA s’est accélérée de manière spectaculaire ces dernières années. Selon l’étude Global Robotics Survey de Deloitte publiée en 2018, 70% des entreprises avaient déjà commencé la mise en œuvre de solutions RPA pour améliorer leurs performances. Plus récemment, en 2024, 53% des entreprises mondiales avaient pleinement implémenté la RPA selon Deloitte. Les départements de trésorerie furent parmi les premiers adopteurs, automatisant la réconciliation des comptes et la gestion des positions de trésorerie.

    https://www.deloitte.com/fr/fr/services/audit-assurance/research/gestion-des-risques-controles-rpa.html


    La promesse de l’automatisation RPA

    Selon Accenture, l’automatisation via RPA peut augmenter la productivité des travailleurs de 40%, permettant aux entreprises d’économiser jusqu’à 30% de leur budget en automatisant leurs processus financiers. Les gains de productivité atteignent des niveaux spectaculaires : dans les entreprises traitant de gros volumes d’informations, la hausse peut atteindre 200% à 300%, voire davantage. Concrètement, les robots logiciels économisent 2 à 3 heures par jour sur un seul projet RPA, et plus de 90% des salariés estiment que l’automatisation améliore leur efficacité.

    L’une des révolutions majeures de la RPA moderne réside dans sa démocratisation grâce aux plateformes no-code et low-code. Ces interfaces visuelles intuitives de type « drag and drop » permettent aux utilisateurs métier de créer leurs propres robots sans dépendre du service IT, rendant le développement 10 à 20 fois plus rapide qu’avec le codage traditionnel selon différentes études. Résultat : les employés peuvent automatiser leurs tâches répétitives en quelques heures au lieu d’attendre plusieurs mois qu’une équipe de développeurs les prenne en charge, tout en réduisant significativement les coûts et la charge de travail du département informatique.

    source: https://www.deloitte.com/fr/fr/services/audit-assurance/research/gestion-des-risques-controles-rpa.html


    Quadient : le symbole de la révolution d’automatisation financière

    Pour illustrer concrètement comment fonctionne une solution RPA, prenons l’exemple de Quadient, plateforme française d’automatisation qui s’est spécialisée dans les processus financiers. Leur approche démontre typiquement ce que peut accomplir la RPA appliquée aux back-offices : les robots logiciels capturent automatiquement les données des factures via OCR (reconnaissance optique de caractères), les transforment en données structurées, les intègrent dans les systèmes ERP existants comme NetSuite ou SAP, déclenchent des circuits de validation automatisés, effectuent les rapprochements comptables et gèrent les relances clients.

    Les résultats mesurés chez leurs clients illustrent le potentiel de la RPA : réduction de 60-80% des coûts de traitement manuel, économie de 10-15 heures par semaine sur les tâches administratives, diminution de 35% des créances en souffrance, et amélioration du DSO (Days Sales Outstanding) de 10 à 20 jours. Par exemple, Automated HealthCare Solutions a réduit son processus manuel de 6-8 heures à moins de 2 heures, réalisant 250 000$ d’économies de frais postaux dès la première année avec un ROI en moins de 10 mois.

    En 2024, Quadient a lancé son plan « Elevate to 2030 » structuré autour de trois piliers d’automatisation : les communications d’entreprise (gestion omnicanale), les processus financiers (automatisation complète AP/AR), et l’automatisation du courrier (physique et digital). Cette stratégie a permis à l’entreprise de franchir 270 millions d’euros de revenus récurrents avec 16 500 clients et un taux de rétention supérieur à 95%. Ces chiffres démontrent que le marché de l’automatisation RPA connaît effectivement une adoption massive, les entreprises cherchant à transformer leurs processus manuels coûteux en flux automatisés rentables.

    Source: https://www.quadient.com/fr/resources/2025-spark-matrix-accounts-payable-automation

    Limites

    Malgré un potentiel important, l’automatisation RPA présente encore des limites importantes.

    Actuellement, la RPA excelle dans l’automatisation de tâches répétitives et basées sur des règles. Cependant, elle n’élimine pas tout le travail nécessaire pour gérer les exceptions et les cas complexes. 42% des opérations financières peuvent être entièrement automatisées selon les estimations, mais pour les processus d’envergure, la supervision humaine demeure essentielle.

    Ensuite, les risques de sécurité constituent également une préoccupation sérieuse, notamment concernant la protection des accès privilégiés et les violations potentielles de données.

    Enfin, les coûts d’implémentation restent un obstacle majeur. Pour les petites entreprises notamment, le ROI est plus difficile à atteindre. 


    Avenir

    Le marché global de la RPA devrait atteindre plus de 200 milliards de dollars d’ici 2034, avec un taux de croissance annuel de 25%. On pourrait ainsi voir se développer l’hyperautomation (combinant RPA, IA et Machine Learning), ou l’automatisation financière complète représentant 18,4 milliards de dollars d’ici 2030.

    Les tendances émergentes incluent l’IA agentique permettant des décisions autonomes, les plateformes no-code/low-code démocratisant l’automatisation, et l’automatisation basée sur le cloud rendant l’adoption plus accessible. D’ici 2030, 70% des transactions financières seront entièrement automatisées, et 90% des grandes entreprises feront de l’hyperautomation une priorité stratégique.

    La société pourrait alors progressivement faire davantage confiance aux modèles d’IA pour gérer les processus financiers critiques sans nécessairement surveiller tous leurs raisonnements, transformant fondamentalement la nature du travail administratif et financier.

  • Le vibe coding: la technologie qui nous permettra à tous de coder? 

    Le vibe coding: la technologie qui nous permettra à tous de coder? 

    Le vibe coding est une technique de programmation reposant sur l’utilisation de l’intelligence artificielle. Concrètement, l’utilisateur décrit un problème à un LLM en quelques phrases, et ce dernier génère le code correspondant à la solution.

    Cette approche transforme radicalement le rôle du développeur. Au lieu d’écrire manuellement chaque ligne de code, il se concentre sur le guidage de l’intelligence artificielle.

    Curieux de connaître son origine, ses avantages et ses limites, je me suis intéressé à cette technologie qui semble déjà séduire plusieurs entrepreneurs.


    Origine du concept

    Le terme vibe coding a été introduit par Andrej Karpathy, cofondateur d’OpenAI et ancien responsable IA chez Tesla, en février 2025, dans un post viral sur X. Karpathy a décrit son approche comme conversationnelle, utilisant des commandes vocales tandis que l’IA génère le code fonctionnel.

    L’impact fut immédiat : dès le mois suivant, le terme était répertorié dans le prestigieux dictionnaire Merriam-Webster comme un nom tendance, témoignant de l’adoption rapide du concept par la communauté technologique.


    La promesse du vibe coding

    La promesse du vibe coding est audacieuse : permettre à une petite équipe de « vibe coders » maîtrisant des outils de génération de code comme Cursor ou Windsurf d’accomplir en une seule journée le travail de 10, voire 100 ingénieurs traditionnels.

    N’importe qui pourrait alors créer des applications sans expertise technique approfondie.
    Il ne serait alors plus nécessaire de maîtriser un langage de programmation, il suffirait de savoir décrire ce que l’on souhaite construire.

    Promesse séduisante, notamment pour les entrepreneurs. 25% des startups de la promotion Winter 2025 de Y Combinator ont des codebases générées à 95% par l’IA, ce qui représente un changement radical dans les méthodes de développement.


    Cursor : le symbole de la révolution vibe coding

    Développé par la startup Anysphere, Cursor s’est imposé comme le programme de vibe coding le plus emblématique. Construit comme un jumeau de Visual Studio Code et intégrant l’intelligence artificielle en profondeur dans son interface, cet éditeur a connu une ascension fulgurante.

    Anysphere est devenue l’une des entreprises à la croissance la plus rapide de l’histoire technologique, franchissant le cap des 100 millions de dollars de revenus récurrents annuels en seulement 12 mois. Cette performance a propulsé la startup dans des négociations pour une valorisation avoisinant les 10 milliards de dollars.


    Limites 

    Malgré un potentiel important, le vibe coding présente encore des limites importantes.

    Actuellement, le vibe coding excelle dans le prototypage rapide et la création de petites applications à usage personnel. Cependant, il n’élimine pas tout le travail nécessaire pour garantir le fonctionnement du code à grande échelle. Pour les projets d’envergure, la scalabilité et la maintenance à long terme demeurent des obstacles majeurs.

    Ensuite, les risques de sécurité constituent également une préoccupation sérieuse.

    Enfin, le code généré par vibe coding manque souvent de structure claire, de commentaires et de documentation appropriés. Cela rend le debugging particulièrement compliqué, même pour des développeurs expérimentés.


    Avenir

    Dans un reportage majeur intitulé « AI’s Vibe-Coding Era — How The Shift To Apps Changed The Race » diffusé le 31 mars 2025, CNBC pose une question plus générale : et si le vibe coding n’était que le début d’une transformation bien plus profonde de notre économie ?

    On pourrait ainsi voir se développer le « vibe lawyering » (droit assisté par IA) ou le « vibe accounting » (comptabilité assistée par IA). La société pourrait alors progressivement faire davantage confiance aux modèles d’IA sans nécessairement interroger tous leurs processus de raisonnement.